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Diplômes de tempérance

  • Photo du rédacteur: Victoria Afanasyeva
    Victoria Afanasyeva
  • 4 avr.
  • 3 min de lecture

Dans ce blog il a déjà été question des médailles décernées par la Société française de tempérance (SFT) aux personnes « qui se signalent par leur propagande en faveur de la tempérance ». Les médailles n’étaient pas les seules décorations : en fonction de leur mérite et/ou de leur statut, les lauréats pouvaient aussi recevoir des diplômes, l’objet auquel est consacré ce post.


L’attribution de diplômes comme signes distinctifs est décidée par la SFT en 1877 sur la proposition d’un de ses membres :

Le but que se propose la Société de tempérance, en accordant des récompenses, est d’exciter l’émulation parmi les hommes susceptibles de s’amender, ou de succomber aux tentations de l’intempérance. Les sexagénaires qui se sont toujours bien conduits ont trouvé dans l’estime et la considération de leur entourage, la plus méritée et la plus flatteuse des récompenses. L’obtention d’une médaille n’ajouterait rien à leur désir de persévérer et il serait, ce me semble, aussi flatteur pour ces vieillards vertueux de savoir que la Société de tempérance les compte au nombre de ses membres associés honoraires, que de recevoir une médaille nominative.

 

En conséquence, la Société crée un diplôme d’honneur/d’associé honoraire pour les personnes âgées de plus de 60 ans, et le considère comme la plus haute récompense.

 

Quelques années plus tard, une nouvelle distinction fait son apparition : un témoignage de satisfaction. Les critères n’en sont pas précisés, et en 1880, on observe les douze premières personnes tempérantes distinguées de cette façon : ce sont les employés de l’hospice de la Salpêtrière et ceux de Bicêtre, déjà récompensés et que leurs directeurs signalent comme des « modèles de tempérance ». À titre de comparaison, cette année la Société décerne au total 321 médailles, 82 diplômes d’honneurs, 39 livrets. Un diplôme spécial, « témoignage de satisfaction », semble être créé trois ans plus tard et abandonner la condition d’avoir une récompense antérieure. Il est probable qu’une simple recommandation de la hiérarchie est suffisante, comme dans le cadre de Charles Mathey, journalier de la commune de Saint-Baslemont (Vosges), jamais distingué auparavant. Le 6 avril 1884, cet homme d’environ 35 ans, père d’une grande famille (8 enfants en 1886), se voit décerner « un témoignage de satisfaction », signé par le président et le secrétaire général de la SFT.


Diplôme "Témoignage de satisfaction" décerné à Charles Mathey, en 1884, par la Société française de tempérance
Diplôme "Témoignage de satisfaction" décerné à Charles Mathey, en 1884, par la Société française de tempérance.

Des années plus tard, la Ligue nationale contre l’alcoolisme (LNCA, formée par la fusion de la SFT avec l’Union française antialcoolique), maintient la tradition de l’attribution des récompenses qu’elle décerne désormais dans un cadre bien défini : au début de chaque année, dans le grand amphithéâtre en Sorbonne à Paris. Cet événement se perpétue jusqu’en 1939.

Cependant, ce ne sont plus les ouvriers et les personnes « tempérantes » qui sont distingués, mais les enseignant·es et leurs élèves. Les instituteurs et institutrices, pour avoir prêché la tempérance auprès des enfants et/ou avoir attiré un grand nombre d’abonnés à la revue antialcoolique La Jeunesse ; les élèves, pour avoir participé aux concours de meilleures dissertations.

En 1911, un de ces diplômes est décernée à un certain Monsieur Maurice, instituteur, qui obtient également une médaille de bronze. Malheureusement, contrairement à la SFT qui publiait les listes complètes des lauréats, dans ses publications la LNCA communique peu sur ces récompenses.


Diplôme décerné à Monsieur Maurice, instituteur, en 1911 par la Ligue nationale contre l'alcoolisme.
Diplôme décerné à Monsieur Maurice, instituteur, en 1911 par la Ligue nationale contre l'alcoolisme.

 

Bien que le mouvement antialcoolique (la SFT, la LNCA, et d’autres associations) distribuait des récompenses par centaines voire milliers d’objets, très peu ont été conservés. Les médailles constituent une exception : on en trouve des dizaines sur les sites de collectionneurs. Les deux diplômes illustrant ce post ont été dénichés après des années de consultation de sites spécialisés : celui de la SFT a été acquis avant covid, et celui de la LNCA, fin mars 2025.

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